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Rime en Vrac

Routine Du Ma(r)(t)in…

(Petite comptine pour les 4 ans d’un Marin)

Pas toujours facile

Quand on doit se lever

De bien commencer la journée

Heureusement Marin

ni une ni deux sans baratin

Est toujours prêt : poil pile !

Guillaume est à l’aérodrome

Marine dans la cuisine

Et Marin ?…

Marin est dans son bain !

Brigitte, elle fait des frites

Et Manuel du caramel

Mais Marin ?…

Marin fait le malin !

Théodore joue dehors

Gustave à la cave

Où est Marin ?

Marin fait le sous-marin !

Philibert aime les desserts

Marianne la tisane

Comme Marin ?

Marin aime les câlins !

Et ce matin pour se préparer

Marin est dans son bain,

Grand coquin et petit malin, 

Dans l’eau il fait le sous-marin

Allez, hop un gros câlin,

Voilà, pour la journée, il est paré !

A.R. le 23/02/2025

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Droitard de merde

Dans mon école, voire dans ma classe j’ai eu des Retailleau. C’est comme ça, t’habites en Vendée, un jour tu croises un Retailleau. Tu croises aussi un Fonteneau, un Menanteau, un Caillaud… C’est comme ça dans la Vendée on aime bien les noms en eau/aud.

Mais j’en peux plus de lui. J’en peux plus de Ciotti. J’en peux plus de Wauquiez. J’en peux plus.

Quand tu es de gauche, on te traite de gauchiasse, ou d’islamo gauchiste… Parce que, faut bien dire ce qui est, dire à quelqu’un “t’es de gauche”, c’est un peu nul comme insulte.

Par contre dire à quelqu’un qu’il est de droite ça suffit pour l’insulter. “T’es de droite ?”, en plus, la plupart du temps, on n’ose même pas imaginer que c’est possible, on ne l’assène pas, on dit pas “toi, t’es de droite”, non, on demande “Quoi ? t’es de droite ?”, ou alors, on le suppose, comme une sorte de secret dont on n’est pas très fier “Toi, t’es de droite, non ?”. Mais bon, voilà, on dit pas “droitard” ou “catho-droitiste”. Juste “de droite” ça se suffit à soi-même, c’est suffisamment insultant pour qu’on n’ait pas besoin d’en rajouter.

Donc, voilà, ils sont heureux là en ce moment, ils se découvrent, ils assument leur débilité. Les trucs qui donnent le cancer, genre les intrants en agriculture, allez hop, on y va on y met la dose, on enlève toutes les limitations qu’on avait mis des décennies à obtenir.

Mais je comprends pas, vraiment, ça reste mystérieux pour moi. Je comprends parfaitement que le boulot d’agriculteurs est pénible et mal rémunéré, mais pourquoi ajouter à ces tares : l’appauvrissement des sols, la dépendance à des ressources extérieures et particulièrement coûteuses, l’augmentation des risques de cancer et des conséquences désastreuses sur son propre outil de travail ? Pourquoi, alors qu’on est toujours en recherche d’une main d’oeuvre peu qualifiée et la moins chère possible, être contre l’immigration (selon l’insee en 2024 environ 20% de la main d’oeuvre agricole est d’origine immigrée) ? Et pourtant ils choisissent le syndicat d’extrème droite pour les représenter. Le syndicat qui veut l’abandon des réglementations sur les intrants, qui militent pour l’accès au pouvoir d’un parti qui veut virer tous les immigrés clandestins. Qu’est-ce qu’il faut avoir dans la tête pour imaginer des trucs pareils ? Je ne comprends pas.

Sinon, ça y est enfin grâce à Bruno R., Mark Renton… je ne vais pas vous cacher que j’ai consulté wikipedia pour retrouver son nom… J’aime beaucoup ce film, mais quand même je ne le connais pas au point de connaître le nom du personnage par coeur… Je digresse, donc oui Mark Renton, vous vous rappelez Ewan MacGregor dans Trainspotting eh bien Mark Renton c’est le personnage qu’il joue dans Trainspotting, donc voilà… Je reprends Mark Renton, le voilà, bien bien blindé à l’héroïne, en train de végéter dans son canapé. Il appuie avec les dernières forces qu’il lui reste, sur le bouton de sa télécommande… et là il tombe sur le spot de “culpabilisation” de Retailleau sur la drogue. Alors qu’est-ce qu’il fait notre Mark ? Mais là, brusquement, il se lève ! Il va regarder sa sale gueule de drogué émaciée dans la glace et il se dit : 

“putain, c’est pas possible, je suis qu’une sale merde, à cause de moi il y a des gens qui meurent, il y a du déficit en France, il y a des policiers qui perdent du temps. Bon, allez, j’arrête la drogue”, et là il sort de son appart pourri, redécoré au vomi, il va s’acheter un kilo de brocoli et de carotte, il se fait un wok et il part chercher du travail à France Travail.

Merci Bruno ! 

Aujourd’hui des septuagénaires, donc nés en 1950 et qui ont eu 18 ans en 1968, m’ont dit, sans rire, “mais c’est fou, aujourd’hui les jeunes et la drogue”… Ah oui c’est vrai qu’à votre époque la drogue… zéro, nada, pas un seul jeune se droguait, il ne savait même pas que ça existait.

Bon, en attendant, 49 000 décès liés à l’alcool, 75 000 décès liés au tabac… Alors pour les drogues, attention, tenez vous bien… 6 morts à cause du cannabis (je n’ose même pas imaginer la quantité de pétards qu’ils ont consommé ces 6 là), 53 à cause de l’héroïne, 30 à cause de la cocaïne, 43 pour des opioïdes licites… alors visiblement il y aurait aussi 700 morts sur la route liés à la consommation de stupéfiants, mais bon, 1050 liés à la consommation d’alcool.

Si vous êtes fumeur ou alcoolique, vous avez le droit à votre mois sans tabac ou sans alcool, avec tout plein de prévention vous expliquant comment arrêter, ou moins consommer… Mais bon si vous continuez c’est pas trop grave. Par contre si vous êtes dépendant à la drogue, on vous fait payer une amende et vous explique que vous êtes complice du trafic de drogue. Pour arrêter de vous droguer : démerdez-vous, fallait pas commencer, c’est votre faute, vous êtes qu’un irresponsable.

Je n’en peux plus de la droite. Comment peut-on être aussi con ?

En plus visiblement les français ça ne leur suffit même pas toute cette connerie ce vomi de propositions plus débilitante les unes que les autres… Non ça suffit pas, il faut aller encore plus loin dans la médiocrité et l’autosodomie. Mais allez-y, comme ça on n’a plus besoin de personne pour nous maintenir la tête sous l’eau, on va directement se greffer des parpaings à la place des pieds avant d’aller plonger dans le grand bain.

D’accord c’est compliqué en ce moment, d’accord, il y a plein de raisons de se plaindre, d’accord la vie est chère, on gagne de la merde, parfois on ne sait même plus pourquoi on bosse tellement c’est con ce qu’on nous demande de faire. mais c’est quoi le projet avec des abrutis pareils ? Vous voulez laisser quoi à vos enfants et vos petits enfants ?

Les hommes politiques sont de plus en plus cons. Et j’ai bien peur qu’ils représentent de mieux en mieux le peuple. Sans doute moi le premier, parce que comme le disait quelqu’un que je sais plus qui c’est, quand on s’aperçoit qu’on est entouré que par des cons, c’est sans doute qu’on en est un soi-même. Droitard de merde !

Le 13/03/25

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Portraits

Ariane

J’avais 12 ans, Yves Uzureau nous fait faire des petits textes, surtout du Fernand Raynaud… un peu étonnant pour l’époque, mais c’était bien écrit et plutôt marrant pour débuter le théâtre. Je me découvre une passion : le théâtre !

L’année suivante l’école décide de monter un spectacle de fin d’année. Je me propose pour gérer le spectacle et aider le metteur en scène. Pendant 3 ou 4 mois, je n’ai fait que ça ! Du théâtre mais sous toutes ses formes : l’écriture, l’aide à la direction de plateau, la prise de note, le jeu… J’écrivais la pièce sur un petit Macintosh. A un moment je sais plus trop ce que je fabrique, mais je mets mon fichier dans la poubelle du Finder… Le drame… J’appelle mon frère, pour lui dire que j’ai fait une boulette, car je viens de vider la corbeille. “Ok, rien de dramatique, est-ce que tu as vidé la corbeille ?” “bhè oui…” “ok, alors il ya  encore une chance, est-ce que tu as redémarré l’ordinateur ?”, “oui”… “ ah bhè dommage… c’est perdu alors”… Voilà, faut tout retaper… Alors c’est vrai qu’aujourd’hui à 50 ans, j’ai une certaine aisance sur un clavier… Mais à quel prix !

Enfin, on n’est pas là pour ça : ce moment de profonde solitude face au rouleau compresseur de froideur de l’informatique. Non l’ordinateur n’a pas tort, c’est toi qui a mal fait. Connard !

Or donc, me voilà, à 13 ans, à la tête d’un petit spectacle avec une petite centaine d’enfants de la maternelle au lycée… Il nous faut une salle pour jouer.

Comment on fait ? Y’à un Macintosh, mais y’à pas encore le World Wide Web… Allez, zou, les pages jaunes…

13 ans, à Paris, tu cherches une salle pour faire une représentation d’une école, avec 100 gamins et donc environ 300 à 400 spectateurs et puis on n’a pas beaucoup de sous, donc si ça peut être gratuit.. ou pas cher…

A 13 ans, on ne doute de rien… Enfin, en tout cas, moi je ne doutais de rien.

Je m’enferme dans une pièce, je prends les pages jaunes… et j’appelle : 

Et qui me répond “pourquoi pas, pourriez-vous passer me présenter votre projet” ?…

Le théâtre du Soleil…

J’avais choisi ce théâtre parce que je trouvais le nom joli : Soleil. Forcément les gens qui ont une salle qui s’appelle le théâtre du Soleil sont des gens sympas…

Je fais part de mon contact au metteur en scène et hop nous voilà parti au rendez-vous.

Là, nous sommes accueillis dans cet immense lieu à la Cartoucherie de Vincennes. C’est beau, c’est grand et la dame est très gentille. On lui explique notre spectacle, elle écoute avec patience et attention. Finalement elle nous explique qu’elle ne peut pas, car si elle accepte elle se retrouvera avec beaucoup trop de demandes. Elle nous souhaite bonne chance (enfin je crois, je ne me rappelle plus en vérité). Je n’étais pas absorbé par la conversation, moi, j’étais juste là, ébahi… Pourquoi une dame qui a une si grande salle a accepté de nous recevoir aussi gentiment ? N’a-t-elle rien d’autre à faire.

On est rentré, on a trouvé une autre salle qu’on a payé, un prix raisonnable. J’avais expliqué que personne, à Paris, ne voulait prendre notre spectacle gratuitement.

Des années plus tard, j’ai fait un conservatoire départemental pendant trois ans, puis un peu plus tard encore j’ai fait le Cours Simon, pendant 3 ans aussi… et avec toutes ces magnifiques expériences, je me suis rendu compte, qu’à 13 ans, j’avais été accueilli par Ariane Mnouchkine !

Madame Ariane Mnouchkine.

Tu as 13 ans, tu aimes faire des gâteaux au chocolat et tu rencontres Thierry Marx.

Tu as 13 ans, tu joues de la guitare et tu rencontres Paul Personne.

Tu as 13 ans, tu chantes sous la douche et tu rencontres Barbara.

Tu as 13 ans, tu dessines des petites histoires sur des feuilles et tu rencontres Marjanne Satrapi.

J’avais 13 ans, je me découvrais une passion pour le théâtre et j’ai rencontré Ariane Mnouchkine.

Ariane Mnouchkine dont j’ai eu l’immense plaisir d’aller voir 3 ou 4 spectacles une fois adulte. Mais quand un spectacle vivant t’emmène aussi loin que ceux du théâtre du Soleil, tu ne parles plus de spectacle mais d’expérience. Un terme bien grandiloquent. 

Ariane est comme un fil qui nous relie au Soleil. Elle est lumineuse, mais plutôt à la façon d’un phare, pour marquer un cap, une direction. 

Cette femme exceptionnelle qui m’a fait pleurer pendant 50 minutes avec le documentaire Au bord de la guerre, où à 84 ans avec sa troupe de théâtre du Soleil elle décide d’aller à Kiev pour faire vivre le théâtre, pour lutter avec les armes de la culture face aux armes des militaires. 

C’est tellement beau. 

Ariane Mnouchkine rappelle que la vie c’est une lutte, une lutte pour ne pas oublier que notre liberté a un prix et que ce prix parfois ce sont les armes.

Ariane Mnouchkine, ou comment être une grand artiste n’est rien d’autre qu’être une personne comme une autre

A.R. le 26/02/2024.

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Rime en Vrac

Je fais des pompes

Parfois la nuit quand je dors pas

Je tourne en rond, je fais le chat,

Sur le côté, ou sur le ventre

A droite du lit ou en plein centre

Je sors dehors pour faire du sport

A moins zéro en plein pôle nord

j’ai pas quitté mon beau paddock

C’est dans ma tête je suis toc toc !

Je m’imagine ultra costaud

A faire des pompes comme John Rambo

Avec un bras, les pieds au mur,

Sur un juste un doigt, c’est super dur ! 

Je cours à fond, je crie houra !

Je saute en l’air en f’sant “houba !”

J’arrive en nage à mon boulot

En short de sport et en maillot.

Je suis tout rouge comme une une tomate

“Cours de français, ou cours de math” ?

Je laisse choisir les quatre élèves

Quand se termine ce drôle de rêve.

Je me réveille complètement cuit,

La tête dans l’cul, quel drôle de nuit

Ca m’apprendra à faire des pompes…

C’est trop galère les rimes en “ompe” !

A.R. le 13/01/24 à 2h30 !

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Rime en Vrac

Hikikomori

Agoraphobie non merci

Coucou l’hikikomori

Il est rigolo ce petit mot

Le français toujours pouët pouët

Trouve le japonais rigolo

Comme un plombier en salopette !

Tout est sympa au Japon,

Chez nous le maquis ça rigole pas !

Chez eux les makis c’est un bon plat.

Vraiment, ces français : trop cons !

Par chez nous on est accro,

On s’isole, on s’enferme,

Ca pue le renfermé, c’est crado

On est un paria, on a la flemme…

Hikikomori

Ca ferait presque rêver

Partir, voyager…

C’est tout riquiqui,

Un peu d’amour et du riz…

Hikikomori

Perdu hors de la dyade

Te voilà ochlophobe

Peut-être pour une naïade

Tu sortiras dès l’aube

Hikikomori

Des années perdues

Eternelle garde à vue

Entre toi et le plafond

Tout seul et sans pantalon

Hikikomori

Prisonnier de ton alvéole

Dans ton imagination tu décolles

Oublie la vie, les autres,

tu es ton propre apôtre

Hikikomori

Plutôt mourir que sortir

Comme un titre de James Bond

Sans cascade sans délire

007 hors du monde

Hikikomori

Les autres sont une richesse

Te voilà pauvre comme Jobe

Dans la ouate comme Loeb

Détresse ou tristesse ?

Hikikomori

Je n’ai rien à te conseiller

Le monde est bien bien pourri

Et j’ai une grande nouvelle “Oyé” : 

T’as peut-être tout compris !

C’est sans doute nous qui avons peur

De nous confronter à nous-même

D’aller chercher à l’intérieur

La vérité, ce qui nous rend blême.

Mais perdu dans ta caverne

Tu ne fais pas face à tes démons

Tu t’abreuves de balivernes

Et t’enfonce dans ton bouillon.

Regarder en face ce qui nous ronge

C’est dur, ça fait mal et c’est immonde

C’est s’accepter et regarder le monde

Grandis, sors et dans la foule plonge !

Hikikomori bye bye fini

Salut domatophobie !

A.R. mars 2023

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review

Mars Express

mercredi 22 novembre 2023

C’est assez rare que j’aille à une séance de 13h le mercredi après-midi. Mais ce dessin-animé réalisé par la même équipe que “The Last Man” (à voir sur TV slash), me titillait depuis 5 ou 6 mois quand j’avais entendu parler de sa sortie.

Il y a de cela 3 ans environ, ils ont ressorti le magazine Metal hurlant, ce vieux fanzine qui a inspiré tant de créateurs de bd et de fans de S.F. en tout genre. Metal Hurlant c’était Moebius, Enki Bilal, Druillet, Mandryka… Tout cela a créé un imaginaire, une référence, une culture commune de “vieux”.

Avec Mars Express, Jérémie Périn et Laurent Sarfati remettent au goût du jour cet imaginaire. Nous sommes dans un film de pur S.F., on ne situe pas l’année, on s’en fout. C’est dans le futur. Le nombre de trouvailles tout au long du film sur l’univers qu’ils ont créé est formidable, mais ce n’est pas le coeur de leur film. Non. Ils ne perdent pas le fil. Il s’agit d’un polar. Une enquête. Une série noire. Il y a du meurtre, des complots, des méchants, des flics.

Quand on prend, par exemple, un très beau film récent de S.F. comme The Creator, tout le monde a salué la maestria du réalisateur, la beauté des effets spéciaux… Mais tout en reconnaissant que l’histoire était un peu légère, pas très aboutie…

Ici rien de tout cela. Les auteurs ont créé un magnifique écrin, sans délaisser ni leur personnage, ni leur intrigue. Ca dure 1h25, c’est tendu, efficace, très bien ficelé et bluffant.

Les musiques sont sublimes, les personnages très bien incarnés grâce à une magnifique animation et un doublage parfait.

Ca fait vraiment plaisir de voir une aussi belle réussite dans ce domaine, comme si, à nouveau, la S.F. française pouvait briller au firmament et devenir source d’inspiration. Ce qui a souvent été le cas : Jules Verne, René Barjavel, Pierre Boulle, Pierre Bordage, Jean-Pierre Andrevon, Moebius, Druillet, Alain Damasio, Bernard Werber

Sans oublier que la S.F., ce n’est pas que des extra-terrestres, c’est avant tout un moyen détourné de parler de notre époque et de notre humanité. C’est le défi relevé haut la main par ce magnifique film d’animation.

A.R. le 23/11/2023

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Rime en Vrac

Karl

A Karl Tremblay

Un bon cowboy est un cowboy fringant

Un mauvais cowboy c’est un cowboy fringant mort.

Je connaissais un Karl il y a longtemps.

On était ami.

On faisait du théâtre ensemble.

C’était beau.

Avec d’autres copains.

Karl était…

Karl est une force de la nature.

Il est grand.

Il est costaud.

Il inspire le respect.

Mais en plus il est gentil.

Il inspire l’amitié.

Le seul défaut de mon Karl

C’est que ce n’était pas un cowboy.

Et non,

Je n’ai pas connu Karl le cowboy.

Et pourtant je suis triste.

Vraiment

Je n’ai pas connu Karl le cowboy

Mais je l’ai écouté…

Je l’écoute chanter…

Souvent.

J’ai vu des photos

J’ai vu des vidéos.

Il était grand.

Il était costaud.

On avait le sentiment d’un bloc, 

Sur lequel se reposer.

Il aimait ses ami.e.s.

Ses ami.e.s l’aimaient.

Il avait tellement d’ami.e.s…

Il semblait gentil.

Karl.

Ca doit être comme ça

Quand on s’appelle Karl.

On est costaud,

On inspire la confiance,

On est gentil

Et les gens nous aiment.

Cette semaine j’ai perdu

Karl.

Karl le cowboy.

Karl le cowboy fringant.

Car un bon Karl est un Karl fringant.

Et comme mon ami Karl

Le cowboy fringant s’appelait Karl

C’est sans doute pour ça

Que sans l’avoir connu,

Sans même l’avoir vu en vrai…

J’ai l’impression d’avoir perdu un ami.

Et finalement je me dis

Que ce n’est pas qu’une impression : 

J’ai perdu un ami.

A.R. le 17/11/23

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Rime en Vrac

Dommage

Je n’en peux plus 

des politiciens

Je n’en peux plus

des décisionnaires

des actionnaires

Je n’en peux plus

des gens qui votent à droite

Je n’en peux plus

des FN RN pro haine

Je n’en peux plus

des gens qui croient n’importe quoi

je n’en peux plus

de ces 1% les plus riches

Je n’en peux plus 

De ceux qui sont “contre”

le vélo

les migrants

les homos

le progrès social

l’écologie

les pauvres

l’écriture inclusive

Je n’en peux plus

de ces gens qui déversent leur haine

à la télé

sur internet

sur les réseaux sociaux

Je n’en peux plus

de la colère

Je n’en peux plus

des gens qui n’entendent pas

les cris sourds du pays

Je n’en peux plus

de ce pognon de dingue

Je me demande…

parfois…

Si le projet d’Elon Musk

Ce serait pas d’envoyer

Tous ces connards

Sur Mars…

Mais j’ai des doutes…

Vraiment…

Dommage.

A.R. mars 2023

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Portraits

Gilbert Bécaud

Je suis dans le salon. Dans le salon, il y a la grande table en chêne, enfin je crois que c’est du chêne, j’adore cette table et les 8 chaises. Pendant les repas, quand il y a des invités on tire les rallonges, il faut faire attention de ne pas se coincer les doigts. C’est marrant j’ai l’impression qu’il y avait souvent des invités… Mais en fait, non, je ne crois pas. C’est juste qu’à chaque fois ça me marquait, alors dans mes souvenirs c’est resté, alors que les fois où on n’était que nous, ca fait comme si 100 repas étaient égal à un… puisqu’ils étaient presque tous pareils. Ce n’est pas grave. Je me rappelle, quand il y avait des invités j’adorais, vers la fin du repas, quand on avait fini de manger, et que les adultes restaient à table pour discuter, j’adorais me glisser sous la table et jouer au milieu des pieds des adultes. Alors ce plaisir je l’ai associé à cette table. Juste en voyant la table je me retrouvais instantanément en dessous, comme un jour de fête, simplement en la regardant.

Voilà, je suis dans le salon, il y a la table et il y a le tournedisque. C’était le tournedisque de ma soeur. A l’époque on ne disait pas platine vinyl, éventuellement platine disque, mais on disait surtout tournedisque. Ma soeur n’était plus à la maison, mais son tournedisque si ! Elle vivait maintenant en couple et son compagnon avait un bien plus joli tournedisque que nous. Alors, nous, on avait gardé son tournedisque. Et désormais il n’était plus dans sa chambre, mais dans le salon.

C’est drôle je me rappelle bien de cette maison, on y est resté même pas un an… Moi j’ai l’impression qu’on y est resté des années… J’étais en CP, j’apprenais à lire (j’avais du mal, les p, les b, les d, les t… pfff c’était trop trop dur) et donc j’ai l’impression qu’à ce moment précis j’étais souvent tout seul à la maison. Car je me rappelle avoir été très souvent dans le salon pour écouter des disques que je mettais tout seul sur la platine, euh, le tournedisque. Et mon préféré c’était Gilbert Bécaud.

Et chez Gilbert Bécaud, ma préférée c’était le Petit oiseau de toutes les couleurs. Je mettais cette chanson et je courais partout. J’étais dans la chanson. Il fallait absolument absolument que j’attrape ce petit oiseau. Je courais dans tous les sens, comme Bécaud dans la chanson… Et c’est terrible parce qu’à la fin de la chanson, il ne réussit pas à l’avoir ce petit oiseau. Non, le petit oiseau il s’envole très loin, il part traverser l’océan et c’est pour ça qu’on ne pouvait plus le poursuivre avec Bécaud, parce qu’on ne savait pas nager (en tout cas pas moi) et il n’y avait pas de bateau dans la chanson. Donc, le petit oiseau, il partait pour toujours. L’avantage c’est que moi je pouvais remettre la chanson et recommencer.

C’est certainement quelque chose qui est resté très ancré en moi. Cette identification très forte, cette catharsis. Le sentiment que ce que vit l’artiste je le partage, je le vis aussi. Bécaud, son interprétation c’était ça. Il vivait la chanson, comme dans l’Orange ou dans le Marché. Il va faire ses courses, on est avec lui. Et puis quand il est tout seul sur son étoile, on est tout seul nous aussi. Quand Jules joue du violon, c’est dingue, on est à la fête avec tout le village. Rosy and John, quelle aventure ces deux-là. Les cerisiers qui sont blancs, avec toutes les fleurs, et dans cette chanson, moi j’étais Paul, mais c’était terrible, parce que Paul dans la chanson il doit partir jouer, alors qu’il se passe des trucs terribles avec la cousine… L’horreur ! Bécaud c’était un spectacle pour moi tout seul dans le salon.

Je crois qu’il m’a le premier transmis cet amour de partager des émotions avec quelqu’un d’autres. Le fait de vivre ensemble un même sentiment. Gilbert Bécaud c’est un pilier. C’est une sorte de phare dans ma vie, qui m’éclaire et me donne une direction : partager c’est vivre.

A.R. le 5/11/2023

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